3 choses que j’ai apprises en écrivant une formation pour PADG

Rédiger une formation pour un client est une expérience qui mêle créativité, organisation et adaptabilité. Au-delà de l’aspect purement éducatif, cette activité nous confronte à des réalités humaines et professionnelles qui nous obligent à progresser, parfois bien plus que nous l’imaginons au départ. Que l’on soit formateur aguerri ou créateur de contenu novice, travailler sur une commande externe offre des leçons inestimables.

Et lorsque le client n’est autre que Pierre-Alain De Garrigues, PADG pour les fans, un artiste polyvalent majoritairement connu pour sa voix, mais qui est aussi un musicien et chanteur talentueux et un philosophe, le challenge est immense et les leçons qu’on en tire sont d’autant plus enrichissantes.

Il m’importait de vous partager 3 choses que j’ai apprise en travaillant avec lui à l’élaboration d’une formation pour que cela puisse vous servir, si vous voulez vous lancer dans ce genre de prestation.


1. Comprendre et écouter les besoins réels du client (et de son public)

Lorsque l’on écrit une formation pour soi, il est facile de se perdre dans ses idées, ses passions ou ses propres croyances sur ce qui est utile. Tellement que la formation que je devais moi-même sortir en début d’année n’est disponible que maintenant. Mais quand on travaille pour un client, on apprend à se décentrer. C’est le client, et surtout son public, qui devient le cœur du processus.

La première étape : poser les bonnes questions

Avant même de commencer à rédiger, il faut prendre le temps de comprendre :

  • Quels sont les objectifs du client ?
  • Qui est le public cible ? Quel est son niveau de connaissance ?
  • Quels problèmes concrets la formation doit-elle résoudre ?

Ces questions permettent de mettre en lumière les attentes réelles et parfois même d’aller plus loin en proposant des solutions auxquelles le client n’avait pas pensé. Par exemple, PADG voulait une « formation qui s’écoute et qui permettent aux gens d’avancer », alors que pour avancer il faut pratiquer, donc j’ai décidé d’ajouter la tenue d’un carnet qui oblige le public à se poser à réaliser une introspection réelle.

Cela permet aussi de bien cerner la tonalité que le client veut donner à sa formation : est-ce qu’on est dans l’exposé scientifique ? dans une totale décontraction ? entre les deux ?
Pour PADG, j’ai choisi une atmosphère intimiste, en écrivant pour sa voix, me servant de ma synesthésie pour m’assurer que j’entende bien chaque mot comme je voulais qu’il sonne lorsqu’il enregistrerait les audios; je voulais que le public puisse se sentir en confiance, comme si on lui tenait la main à chaque étape, parce que c’est précisément ce qui ressortait des retours que l’on recevait sur ses vidéos philosophiques et spirituelles.

Parce que ce qui compte avant tout, c’est l’expérience du public !

Le public avant tout

Dans une formation, l’apprenant est roi. Cela signifie qu’il faut adapter le contenu à ses besoins spécifiques :

  • Simplifier les concepts complexes pour les rendre accessibles.
  • Proposer des exemples concrets, proches du quotidien du public cible.
  • Créer des activités pédagogiques qui suscitent l’intérêt et favorisent l’engagement.

Les commentaires YouTube sur la chaîne de PADG m’ont permis de savoir que les gens ont besoin de sa tonalité rassurante, de voir comment chaque idée peut changer leur quotidien, mais aussi de savoir qu’il ne faut pas trop s’éloigner de la science et du « prouvé » pour les convaincre que le changement est à portée de main.

En écrivant cette formation, j’ai donc mis un point d’honneur à faire des recherches préalables pour que tout le programme de la formation soit accompagné de références claires; je cite notamment des ouvrages de Fabien Olicard sur comment fonctionne notre cerveau, mais aussi des travaux de Mel Robbins, du docteur Russel Kennedy et de toute source expérimentée dans le domaine qui était pertinent pour chaque module.

Et comme je voulais que la pratique soit intuitive, plutôt que de demander aux gens de prendre leur carnet et réfléchir à ce qui venait d’être abordé dans une leçon, j’ai ajouté des supports téléchargeables avec des exemples concrets pour guider leur introspection et prémâcher une partie du travail.

Et après avoir défini mon programme et mes exigences en matière de références, il était temps de structurer le tout avec un bon fil conducteur.


2. Structurer et organiser ses idées avec rigueur

La création d’une formation, surtout pour un client, impose une discipline stricte dans la gestion des idées et du contenu.

Passer du flou à la clarté

Lorsqu’on commence, les informations, les théories et les exemples peuvent sembler à la fois riches et éparpillés. Il est primordial d’élaborer une structure logique, claire et progressive qui guide l’apprenant pas à pas.

Ici, il était important que la formation ne commence pas des théories sur le « mieux vivre », mais sur des éléments concrets :

  1. Introduction : c’est quoi, exactement « vivre bien » et « être libre » ?
  2. Diagnostic personnel : d’où est-ce que l’on part ?
  3. Outils pratiques : chaque module est associé à un but concret à atteindre, comme le fait de laisser le passé derrière soi.
  4. Mise en application : une page de carnet à remplir à l’issue de chaque module pour se forcer à faire le point sur où on en est.

Maîtriser le storytelling pédagogique

Une bonne formation raconte une histoire. Il ne s’agit pas simplement d’empiler des faits ou des modules : il faut créer un fil conducteur qui donne du sens à l’ensemble. Dans le cadre de la formation écrite pour PADG, j’ai choisi d’exploiter la métaphore du train.

  • Une problématique initiale (le défi auquel fait face le public) : pour vivre bien et être libre, il faut conduire son propre train.
  • Des étapes claires pour atteindre ses objectifs : on part du quai et petit à petit on remonte le train de la seconde classe, à la première puis à la cabine de pilotage, en passant par 5 compartiments à chaque fois, chacun représentant un défi à relever (lâcher prise, mieux aborder les critiques d’autrui, etc.).
  • Une conclusion qui valorise les résultats et donne envie d’aller plus loin : j’ai insisté sur le fait qu’à tout moment, on peut ressentir le besoin de prendre une correspondance, d’ajuster son parcours, de rechuter parce que les mauvaises habitudes ont la vie dure et que c’est ok, l’important c’est de travailler sa routine personnelle et de s’autoriser à reprendre les modules passés pour corriger le tir.

Ce travail rigoureux sur la structure améliore non seulement la formation, mais aussi nos capacités à organiser nos pensées et à communiquer de manière efficace; il permet aussi d’éviter un effet très déplaisant dans l’univers du développement personnel : prétendre que la formation est parfaite, qu’une seule lecture suffit et que si on n’obtient pas le résultat escompté du premier coup, alors on serait le problème. Rien n’est jamais aussi simple, d’ailleurs c’est pour cela que si la structure est importante, l’équilibre entre expertise, simplification et créativité l’est tout autant.


3. Gérer les équilibres entre expertise, simplification et créativité

Écrire une formation, c’est un peu comme marcher sur un fil. Il faut trouver le juste équilibre entre :

  • La profondeur de l’expertise, qui peut vraiment être très complexe, notamment quand on parle de psychologie et de fonctionnement cérébral;
  • La simplification des contenus, avec l’enjeu de ne pas sursimplifier et risquer de sacrifier des éléments importants au passage;
  • La créativité pour maintenir l’intérêt, extrêmement important en développement personnel quand on se base sur des explications un peu complexe et qu’il va forcément y avoir une résistance au changement et une peur d’affronter ses limites et ses démons; personnellement, j’aime jouer sur le principe de récompense, féliciter le public pour chaque petit pas en plus dans la bonne direction.

Simplifier sans trahir le contenu

L’une des erreurs les plus courantes en pédagogie est de vouloir tout dire. Or, une formation n’est pas un livre blanc. L’objectif est de transmettre les éléments essentiels de manière claire et directement applicable.

Par exemple, au lieu de noyer les apprenants sous des théories complexes, on présente des concepts-clés avec :

  • Des analogies faciles à comprendre : « l’anxiété, c’est votre enfant intérieur qui tire sur votre manche pour vous avertir que vous avez déjà vécu quelque chose de similaire et que le péril n’est pas loin », excellente métaphore du Dr Russel Kennedy qui illustre parfaitement ce concept;
  • Des cas concrets : chaque module suit le principe du problème → solution théorique → mise en application dans le quotidien;
  • Des exercices pratiques : à l’issue de chaque leçon, une action est requise, une mise en écrit, pour ancrer le savoir dans la pratique et dans le quotidien.

Intégrer la créativité pour captiver

Pour qu’une formation fonctionne, il ne suffit pas qu’elle soit claire : elle doit être engageante. Le storytelling et le passage à l’action sont autant de moyens d’ajouter une dimension ludique et dynamique au contenu.

Par exemple, dans cette formation, j’ai :

  • Utilisé des scénarios fictifs mais réalistes où l’on s’identifie facilement à un personnage, peu importe où on en est dans notre vie.
  • Proposé des rôles à jouer pour incarner différentes positions; je trouve important de jouer avec la vision que le public a de son « antagoniste » pour que l’empathie permette de remettre chaque situation en perspective et être plus dans l’analyse et la décision que dans le jugement et le conflit.
  • Rappelé régulièrement le chemin déjà parcouru et l’objectif final, pour garder le cap en célébrant les accomplissements et faciliter le fait de se projeter déjà aux commandes, où que l’on soit actuellement dans notre train de la vie.

Équilibrer expertise, simplification et créativité est un art que l’on perfectionne avec la pratique, mais qui transforme notre capacité à transmettre efficacement. Après quasiment 20 ans à dispenser des cours particuliers et avec plusieurs années d’expérience en tant que formatrice en entreprise et vacataire à l’université, je peux dire que c’est un challenge constant, qui se renouvelle avec chaque projet, car chaque formation est unique.

Ce que j’ai écrit pour PADG ne pourrait l’être de l’exacte même façon pour qui que ce soit d’autre, car une part de votre client doit teinter et broder l’œuvre que vous créez.

Et à rythme régulier, il convient de revenir entretenir l’objet final, car à mesure que notre société évolue et que nos savoirs se raffinent, une formation demande à être reprise, remise au goût du jour et enluminée de nouvelles connaissances.


Conclusion : une expérience de croissance personnelle et professionnelle

Écrire une formation pour un client n’est pas qu’une mission professionnelle : c’est aussi une expérience humaine et intellectuelle enrichissante. On apprend à mieux comprendre les besoins des autres, à structurer ses idées avec rigueur et à jouer avec les équilibres subtils qui rendent un contenu vraiment impactant.

Si la pratique est relativement similaire à celle de l’écriture d’un livre, avec le devoir de captiver le public, elle se heurte au défi de devoir faire du lectorat le personnage principal qui va concrètement vivre l’aventure, passer à l’action et s’accomplir pour continuer à tourner les pages.

En écrivant cette formation pour Pierre-Alain De Garrigues, alors que je suis déjà habituée à écrire pour des publics ciblés, j’ai eu une bonne piqûre de rappel d’à quel point notre capacité à nous mettre à la place des gens est essentielle pour produire un contenu de qualité, qui corresponde pleinement au client et qui réponde précisément aux besoins du public, tout en réussissant à le garder impliqué de la première à la dernière phrase du programme qu’on lui propose.

Cela m’a confortée dans l’idée que l’on a besoin de plus de personnes dotées de cette empathie spécifique et d’une plume convaincante dans la sphère éducative, mais aussi dans mon intention de créer toujours plus de contenus à destination de publics identifiés, pour que l’accès à toute forme de savoir ne soit plus un luxe réservé à une frange privilégiée, mais un service accessible au plus grand nombre.
En ce sens, je vais prochainement produire des contenus accessibles gratuitement pour FormaSol (les formations solidaires proposées par l’association Sociolution) et des formations à petit prix et/ou avec une possibilité de « formation suspendue » pour celles qui nécessiteront plus de temps de conception.

J’espère vous retrouver à mes côtés pour ces contenus.

En attendant, qui veut embarquer dans le train de sa vie ?

Un immense merci à PADG pour cette expérience et pour tout ce que nous construisons ensemble !

Fais tourner !

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