[Chronique] La destinée des désolations, tome 1, un livre signé Arnaud Niklaus (repost)

Arnaud Niklaus m’a confié le premier tome de « La destinée des désolations ».
Plongeons ensemble dans son univers !

Attention : il s’agit du repost d’une chronique de 2018, à l’époque, je n’étais pas encore surnommée « Le Monstre » et si mes chroniques avaient déjà une trame commune à celles d’aujourd’hui, je débutais, c’était plus « léger » dans l’analyse.

La destinée des désolations : la présentation officielle.

Dans un futur proche, Casey Alexander parcourt les restes du monde, avec un seul but en tête : trouver un havre de paix. Au cours de son périple, il rencontrera ses futurs alliés… Comme ses futurs ennemis ! En leur compagnie, Casey tentera l’impossible pour survivre et trouver une terre accueillante où vivre…

Ce premier tome de la saga littéraire « La destinée des désolations » est une introduction à cet univers bien particulier.
Les aventures de Casey Alexander se poursuivront sur de nombreux ouvrage.

Ma réaction à la présentation.

Le petit pitch me fait penser au film « The Road » avec un univers postapocalyptique où Viggo Mortensen campe un père qui tente de survivre avec son fils, envers et contre tout, dans un monde où tout a foutu le camp.

J’aime bien les œuvres dystopiques et d’anticipation en général, donc pourquoi pas.

La destinée des désolations : qu’en penser après la lecture ?

Là, nous avons typiquement affaire à un livre en mode « ça passe ou ça casse ».

Par curiosité, une fois n’est pas coutume, j’ai jeté un œil aux chroniques de quelques conadelphes pour confirmer mon impression et la prédiction se vérifie : un même critère est à charge ou décharge selon les goûts de chacun.

aussi, en plus d’analyser la forme et le fond, je vais exceptionnellement faire l’effort de vous expliquer aussi précisément que possible pourquoi ça vous influencera dans un sens ou dans l’autre.

En voiture Simone !

Un format qui se fond dans l’univers présenté.

Je prête rarement attention, surtout quand je consomme un format numérique, au nombre de pages d’un livre avant lecture; il peut être court et ennuyeux, comme long et passionnant et bien souvent, cela m’importe peu.

MAIS, dans le cas présent, le format m’a surprise…. 35 pages seulement !

Et alors ?
On commence ici directement la différence d’approche.
D’un côté, ça peut faire râler, on peut se dire que l’auteur aurait du rendre une copie le jour où il aurait terminé une dizaine de tomes, histoire que ça soit un « vrai » roman et pas un format « longue nouvelle ».

D’un autre, on peut apprécier le culot du format.
En traitant d’un univers postapocalyptique, avec ses aspects chaotiques, ne pas se plier aux normes de l’édition offre une forme cohérente avec le récit.

Évidemment, l’auteur aurait aussi pu broder, combiner deux tomes… mais doit-on faire d’une possibilité une obligation ?

Une narration et une organisation globale stratégiques et rondement menées.

Éternel critère des chroniques littéraires, la gestion de la narration est parfaite dans cette œuvre.
On commence dans la peau de Casey qui nous délivre, sans fioritures ni excès, les composants de son quotidien.
C’est brutal, froid, presque glacial… mais tout autant humain, surtout dans l’univers qu’on nous a promis.

Ensuite s’enchaînent les courts chapitres pour nous faire découvrir d’autres points de vue jusqu’au chapitre où tout s’entrelace.

L’écriture est légère, le vocabulaire de bon niveau sans être excessivement élevé.
Le livre est accessible, à noter ce pendant qu’il est conseillé à un public averti, en raison de la dureté du monde qui y est décrit, mais aussi – pour les plus pudiques d’entre nous – d’un chapitre aux descriptions très explicites et charnelles.

Enfin… le fameux critère qui a divisé le plus grand nombre de chroniques de mes conadelphes : le tome ne clôt pas une histoire.

Habituellement, si un tome ne clôt pas l’histoire globale, il ferme au moins sa propre intrigue; ici ça n’est pas le cas, il se finit plutôt à la manière d’un cliffhanger nous condamnant à attendre impatiemment le tome suivant… sauf quand on déteste cet effet de suspense.

Si vous aimez que tout s’achève proprement, passez votre chemin; encore une fois le livre est à la hauteur de son univers, ne vous attendez surtout pas à une gestion orthodoxe des choses.

Un fond exceptionnellement humain qui divisera les lecteurices.

Si vous aimez qu’un livre vous propose de longues descriptions des paysages qui s’offrent au héros, passez votre chemin, vous ne trouverez pas de cela ici.
Idem si vous aimez tout savoir tout de suite des différents personnages rencontrés en chemin.

Ce livre est froid, il glacera jusqu’à vos os de son univers impitoyable où la survie est le maître mot et quand on survit, on se fiche de qui est l’autre, on a juste besoin de savoir s’il compte nous attaquer, si on peut en faire un allié – durable ou non – bref, si nos intérêts vont dans le même sens.

Idem pour les paysages : on analysera ce qui présente un danger, un risque de guet-apens, ou une source de protection : des chemins dérobés, des lieux discrets, à l’abri de tout regard…

Les personnages sont crus et oui, il est difficile d’en savoir beaucoup à leur sujet; certaines personnes trouveront ça dommage vu que le format permettait de s’étendre, d’autre que c’est impossible d’avoir des personnages aussi « arrêtés » mais dans un univers aussi froid, il peut sembler cohérent que chacun ait désormais un caractère bien tranché, en tout cas en apparence, par principe de résilience et d’auto-préservation.

J’aime… un peu, beaucoup, passionnément, à tout prix, pas du tout ?

J’ai vraiment aimé passionnément.

Je trouve l’écriture habilement maniée, je pense que le style général du roman s’inscrit en parfaite adéquation avec son univers et si c’est effectivement plutôt culotté, je trouve l’idée vraiment intéressante.

Bien sûr, il y a une frustration à la manière dont se finit le tome et oui, il est exact de prétendre que ce livre aurait pu être le prologue d’une œuvre plus traditionnelle.

Toutefois, sur le plan artistique, cette solution est bien pensée et suffisamment permissive pour l’auteur pour la suite.

Deuxième tome dans la poursuite du premier ?
Approche de nouveaux personnages ?
Ellipse temporelle ?
Prise en compte des retours de lecteurs entre temps pour l’évolution de l’histoire ?

En fait, je crois qu’on peut résumer ce livre en une réalité : ce roman est comme une BD, sans les images.
On autorise une BD à avoir un format court; on n’attend pas que chaque tome finisse nécessairement une histoire précise, on autorise les personnages à être et paraître à leur gré…

« Ouais mais une BD sans image, c’est idiot » me direz-vous.

Cela peut sonner comme un défaut, une sorte d’œuvre inachevée mais, si finalement ce n’était pas tout le contraire?
Si cette écriture si particulière nous libérait des dernières entraves de la BD ?

Ici, vous obtenez un récit de même qualité, plus complet même et vous n’êtes pas influencé·e·s – à tort ou à raison, par les images; les personnages sont comme vous les imaginez et non comme le dessin vous les suggère, les mondes, les villes, la violence, la misère, comme votre cerveau les imagine.
C’est plus permissif pour votre esprit que n’importe quel autre format.

En conclusion, je pense que ce livre trait d’un thème épineux (le postapocalyptique n’est pas à la portée de toustes) avec une authenticité impressionnante qui peut passer pour de la simple froideur si on n’est pas coutumier·e du genre ou que l’on ne peut pas se figurer « honnêtement » à quoi ressemblerait la vie dans un univers où tout – ou presque – joue contre vous.

Il n’est pas fait pour le grand public, surtout pas pour les personnes qui aiment les livres « à la mode », il est bien trop atypique dans son organisation et son style.

Mais si vous aimez lire parce que vous reconnaissez la littérature comme un art et donc comme un univers qui peut prendre n’importe quelle forme pour vous raconter une histoire, indéniablement ce récit vous séduira.

Quant aux personnes qui s’inquiéteraient, légitimement, du coût global que pourrait avoir une série de livres dans ce format si spécifique, vous verrez que l’accessibilité de prix rend possible une collection pour un montant tout à fait raisonnable à long terme : ne craigniez pas de la débuter sur ce seul critère.

Remerciements et autres infos utiles

Un énorme merci à Arnaud Niklaus pour sa confiance.
J’ai vraiment été très agréablement surprise par le format et j’ai beaucoup aimé cette manière de décrire la cruauté de la vie telle qu’elle apparaît dans ce début de saga.

Tu as aimé cette chronique et tu aimerais te procurer ce livre ?
Il n’est malheureusement plus disponible actuellement (même si je rêve de son retour, à l’époque pour 0.99€ l’ebook et 3.34€ le broché).
Cependant, tu peux toujours découvrir les autres publications de cet auteur ici : https://amzn.to/4mCVaXQ

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