[6/365] L’écriture thérapeutique : écrire pour se retrouver

TSADAH, c’est moi, l’aventurier·e des mots et des émotions ! Aujourd’hui, on va plonger dans un outil puissant, accessible et parfois sous-estimé : l’écriture thérapeutique. Pas besoin d’être un·e auteurice primé·e ou de maîtriser les figures de style. Ici, il s’agit juste de toi, de tes pensées, et d’un carnet (ou d’un clavier, j’avoue que je mixe les deux selon ce que j’écris).

Alors, prêts·e à découvrir comment écrire peut t’aider à mieux te comprendre et te reconnecter avec toi-même ? Let’s go !

Pourquoi l’écriture peut être thérapeutique

Écrire, c’est un peu comme avoir une conversation avec soi-même. C’est un espace où tu peux tout dire, sans jugement, sans interruption, sans filtre. Pendant mon enfance sous la coupe de l’ASE, écrire pour et avec moi-même a été une activité salutaire.

Voici pourquoi c’est si puissant :

  1. Clarifier ses pensées – Parfois, tout est flou dans ta tête. Écrire te permet de poser tes idées, de les organiser et de comprendre ce qui te trotte dans l’esprit. Cela m’a servi pendant mon enfance et m’aide encore au quotidien avec mon TDAH. Quand mon cerveau part en mode « 3000 scenarii auxquels tu ne voulais pas penser, mais je vais te les offrir quand même », je prends un carnet, un stylo et je commence par les idées qui me séduisent le plus. Quand j’ai la flemme de continuer, c’est que les idées sont moins pertinentes; j’affine ensuite la liste sur des critères plus pragmatiques et paf, tout est plus évident.
  2. Libérer ses émotions – Les mots peuvent être une soupape pour exprimer ce que tu ressens vraiment, que ce soit de la tristesse, de la colère, ou même de la joie. Là encore, dans mon enfance, c’était salutaire. Avec l’ASE, mon avis ne comptait pas. J’étais entre le numéro de dossier et le carton embarrassant qu’on trimballe çà et là et si j’osais m’exprimer, on me le reprochait. Alors j’écrivais, pour évacuer, pour dire à cette page ce que personne ne voulait entendre.
  3. Prendre du recul – En relisant ce que tu as écrit, tu peux voir tes problèmes sous un nouvel angle et découvrir des solutions auxquelles tu n’avais pas pensé. Tu connais le proverbe « la nuit porte conseil » ? Quand quelque chose me travaille vraiment fort, voire me désespère, j’écris tout, je lâche chaque inquiétude, sur le papier. Le fait d’écrire avant de dormir le sort de l’esprit et me permet de dormir un peu mieux. Ensuite, au matin, je reprends, je rationnalise et je trie ce que je peux faire, ce pour quoi j’ai besoin d’aide, ce dont je ne devrais finalement pas me soucier.
  4. Célébrer tes victoires – L’écriture ne sert pas qu’à extérioriser le négatif. Tu peux aussi noter tes petits et grands succès pour t’en souvenir. En fait, journaliser ça est une excellente façon d’avancer et de se motiver les jours où ça va moins bien. J’aime beaucoup écrire chaque soir mes petites victoires de la journée (et quand j’ai des jours plus difficiles, sortir du lit est une victoire) et les relire le lendemain matin pour me mettre dans un mood positif. Je trouve que ça m’aide à silencier mon ressassement autistique.

Comment se lancer

Pas besoin de grandes résolutions ou d’acheter le carnet le plus chic du rayon papeterie (mais si ça te motive, fais-toi plaisir, perso je craque chaque mois chez Action !). Voici quelques conseils pour commencer :

1. Trouve ton espace et ton moment

Installe-toi dans un endroit où tu te sens à l’aise. Que ce soit le matin avec un café ou le soir sous une couverture, choisis le moment qui te convient le mieux.
Comme je te l’ai dit, moi j’aime bien faire ça le soir, surtout pour les petites victoires, mais le plus important c’est que ça fasse partie d’une routine, parce qu’après deux mois, c’est instinctif.

2. Laisse tomber la perfection

Ici, pas de grammaire, pas de structure, pas de règles. Tu peux écrire des phrases complètes ou juste des mots-clés. Ce n’est pas l’écriture qui compte, c’est l’expression.
Et franchement, il vaut mieux écrire en « mode sms » et tenir ta routine, que ne pas écrire.
Au pire, tu as un challenge « qu’ai-je voulu dire ??? » le lendemain 😀

3. Utilise des questions basiques si besoin

Se lancer n’est pas hyper instinctif pour tout le monde. Si tu veux écrire chaque jour sur autre chose que juste tes petites victoires, tu peux essayer ces questions :

  • Qu’est-ce que je ressens en ce moment ?
  • Qu’est-ce qui me préoccupe ?
  • Quels sont les trois moments récents qui m’ont apporté de la joie ?

Encore une fois, personnellement j’aime bien tenir un journal le soir et je trouve que c’est intéressant de conscientiser ce qu’on ressent avant d’aller se coucher, ça permet de sortir les émotions négatives.
Je ne sais pas si c’est propre à mes neuroatypies ou si ça fonctionne pareil chez tout le monde, mais pour ma part, si j’ai la moindre once de négativité en allant me coucher, je fais les pires cauchemars, parce que mon esprit part d’une idée aussi basique que « pas top la conversation de ce matin avec Machin » et en fait un « et c’est sur ce conflit que débuta l’apocalypse ».
Et puis des fois, ça ne va pas et on ne sait pas forcément pourquoi; cette introspection est aussi un bon moyen de creuser et de garder un œil sur un début de dépression.

Rappel : si ça fait plus de 2 semaines que tout vous paraît soudainement très sombre, voué à l’échec, que vous vous isolez, mangez moins ou juste versez dans une politique de l’autruche où vous poser des questions aussi simples aboutit à « si on s’occupait pour ne surtout pas y penser ??? », parlez-en à un proche, à votre généraliste, à votre psy si vous avez déjà un suivi.
Être une personne active ne signifie pas ne pas être atteint·e de dépression (n’en déplaise aux mascus muscu).

4. Ne te censure pas

Quand tu vas commencer à écrire, une petite voix va venir te dire que « non mais tu vas pas écrire ceci », « il faut pas parler de cela » et il va falloir la laisser parler dans le vide parce que ce que tu vas écrire, tu l’écris pour toi uniquement, il n’existe aucune raison de te censurer.

Laisse tout sortir. Les peurs, les frustrations, les rêves… Tout. Personne d’autre que toi ne lira ça (sauf si tu le décides).

Et si tu continues d’avoir peur et de te censurer… il est urgent d’en parler à quelqu’un, parce qu’il y a des chances que tu enfouisses quelque chose de très profond et grave.

5. Pratique la régularité

J’ai parlé du fait que j’écris tous les soirs, mais tu n’as pas besoin d’écrire tous les jours, tu as besoin d’écrire régulièrement, c’est différent.

Si tu veux écrire pour faire un bilan assez profond, il est probable que le meilleur rythme pour toi soit une fois par semaine, pendant ton jour de repos quand tu peux souffler et être vraiment dans un moment d’introspection.

Il vaut mieux peu souvent, mais sans sauter le rendez-vous, que souvent, mais irrégulièrement.

Les différentes formes d’écriture thérapeutique

Il n’y a pas une seule façon de pratiquer l’écriture thérapeutique. Il y a des personnes pour qui la journalisation fonctionne très bien et qui adorent tenir un journal intime, d’autres préfèrent la lettre à son soi passé ou son soi futur et encore d’autres qui préfèrent mixer les solutions.
Réfléchis à ce pour quoi tu veux pratiquer l’écriture thérapeutique et choisis ce qui peut te convenir :

  1. Le journal intime – Le classique indémodable. Une petite entrée tous les soirs, des suppléments quand tu le sens, convient dès l’enfance.
  2. Les lettres – Écris une lettre à quelqu’un (sans nécessairement l’envoyer). Cela peut être à une personne, à toi-même, ou même à tes peurs. Personnellement, j’écris fréquemment des lettres à mes parents décédés; c’est chelou, mais ça m’a aidé à faire mon deuil et je sais qu’en les écrivant, ça m’oblige à me demander pourquoi j’ai envie de leur parler de tel ou tel sujet et quels seraient leurs conseils face à une situation données. J’aime aussi me faire des lettres pour moi dans 6 mois, vous pouvez d’ailleurs le faire au format électronique pour la recevoir x mois plus tard et confronter où vous en étiez et où vous espériez être en la recevant VS où vous en êtes quand vous la lisez.
  3. Les listes – Fais des listes thématiques : ce que tu aimes, ce que tu veux accomplir, ce dont tu es reconnaissant·e. C’est quelques chose que j’aime faire une fois par mois. Cela m’oblige à réfléchir à mes prochaines actions pour reconstruire ma vie et avancer jour après jour en m’engageant envers moi-même.
  4. L’écriture automatique – Pose-toi avec un stylo et laisse les mots venir, sans te poser de questions. J’ai des amies pour qui ça fonctionne super bien, pour ma part, c’est plus difficile, je crois que mon TDAH influence trop mon flot de pensées. Par contre ça fonctionne à l’oral avec un état semi hypnotique, mais c’est un autre sujet.
  5. Les récits – Raconte une histoire, réelle ou fictive, inspirée de ce que tu ressens. Pour ma part, ça fait partie de mon processus d’écriture de romans, mais mine de rien, ça aide aussi au quotidien. Tu peux même imaginer que tu dois inventer une histoire pour expliquer ton ressenti à un enfant, un peu comme Arthur le fait dans Kaamelott (« Legenda », saison 3 épisode 20).

Les bienfaits de l’écriture thérapeutique

Avec un peu de pratique, tu commenceras à ressentir les bienfaits de cette pratique.

  1. Une meilleure gestion des émotions – Écrire te permet de prendre du recul et de réguler tes états émotionnels, en particulier si comme moi tu as tendance à partir du principe que tu ennuies tout le monde, que les gens t’en veulent et qu’en plus tu ne sais pas exprimer ta tristesse et tes émotions en général.
  2. Plus de clarté mentale – Poser tes pensées sur papier aide à diminuer le chaos dans ta tête : tout le monde peut « overthink », mais quand il faut écrire, à un moment le cerveau trie, il n’a pas le choix et ça peut vraiment aider au quotidien.
  3. Un boost de confiance en soi – Je trouve que plus on pratique l’écriture thérapeutique, plus on s’oblige à être honnête envers soi-même et ce qu’on ressent, plus on peut poser ses limites avec les autres, plus on conscientise nos petites victoires, plus on prend confiance en soi. En tout cas, mon expérience va dans ce sens.
  4. Une meilleure connaissance de soi – L’écriture te permet de mieux comprendre qui tu es et ce que tu veux vraiment. Pas ce que tes proches, notamment ta famille, attend de toi, pas qui les autres estiment que tu es. Et je pense que c’est d’autant plus important si tu souffres de la « decease to please », la compulsion de vouloir plaire à tout le monde (ce qui est factuellement impossible et conduit à des gros sacrifices extrêmement vains et dangereux de soi-même).

Allez, attrape un stylo, ouvre un carnet ou lance ton appli de notes. Peu importe par où tu commences, l’important, c’est de faire le premier pas. L’écriture thérapeutique, c’est un cadeau que tu te fais à toi-même : un espace rien qu’à toi pour te retrouver, t’écouter, et avancer.

Et si tu penses que ce que tu as écrit peut servir à d’autres personnes, tu peux même le partager. Après tout, c’est aussi ce qui nous permet de relativiser ce que l’on vit : savoir qu’on n’est pas la seule personne à traverser certaines épreuves.

Fais tourner !

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