En quête de pouvoirs : chapitre premier

Je vous laisse découvrir le premier chapitre du livre « les aventuriers d’Orkradour, en quête de pouvoirs » pour que vous puissiez goûter à ma plume avant d’investir dans ce tome !

Chapitre 1 : le rendez-vous.

Un vent léger venait rafraîchir cette belle journée du mois d’Obrigal, tandis qu’une jeune femme à la silhouette élancée et aux oreilles pointues passait le panneau d’entrée dans la ville d’Orkradour.

Les délicates fragrances d’herbes fraîchement coupées ou moulues pour servir de pigments aux calligraphes se diffusaient dans la cité, mais notre protagoniste n’était pas encline à succomber à ce charme olfactif, trop préoccupée par l’agression visuelle qu’elle subissait, la majorité des bâtisses qu’elle apercevait étant vraisemblablement des propriétés naines ou orques, donc infâmes à ses yeux.

Il fallait comprendre l’atrocité de ces choses, tout le monde en dehors de ces créatures dénuées de tout raffinement savait qu’une demeure digne de ce nom se devait d’être en pierres blanches, avec des poutres apparentes desquelles descendaient, çà et là, quelques drapés de soie, laissant entrevoir de somptueux intérieurs, avec des tapis pourpres bordés de fil d’or et de moelleux fauteuils qui épousaient vos formes naturellement pour vous offrir du confort et instiller mille et un désirs courtois.

Ici, tout ce qu’elle pouvait désirer, c’était trouver l’auberge du coin, aller à ce fichu rendez-vous qu’on aurait quand même pu lui fixer ailleurs, dans un lieu plus digne de la recevoir, puis, une fois qu’elle en aurait fini, quitter cette horrible cité.

Un coup de vent brutal vint secouer ses longs cheveux blonds, dégageant un bref instant son visage et la profondeur de ses yeux émeraude.

Perdue dans ses pensées, l’Elfe n’entendit pas le Gnome qui venait d’arriver par le même chemin et elle sursauta quand il la salua.

–  Excusez-moi, bafouilla l’étrange petit homme, je cherche l’auberge de la ville.

– Dans ce cas, nous sommes deux, répondit l’Elfe en haussant les épaules, toujours aussi surprise, mais également clairement écœurée par cette chose qui venait de parler.

L’heure passait et il était désormais urgent de trouver le lieu du rendez-vous.
Visiter la ville entière prendrait trop de temps et il ne semblait y avoir âme qui vive, donc l’idée de demander son chemin à un garde était exclue.

– C’est bien ma veine, commenta l’Elfe.

Elle ressortit de son sac le parchemin contenant les informations de cette rencontre.

– Tiens, toi aussi, tu viens pour la quête de classe ? S’enquit le Gnome qui fit sursauter de nouveau celle qu’il voyait à présent comme une grande asperge.

– Comment ça, « moi aussi » ? S’inquiéta l’Elfe.

– Ben oui, c’est une quête proposée à tous les nouveaux aventuriers.
Tiens, regarde !

Le petit homme glissa sa main minuscule dans sa besace pour en extraire, à son tour, un parchemin.
Le document avait visiblement été rédigé de la même main et portait clairement le même sceau.
Seuls quelques termes différaient puisque l’Elfe prévoyait d’apprendre le druidisme alors que le Gnome envisageait la magie arcanique, son peuple ayant une affinité inexplicable mais indiscutable avec cette énergie singulière.

– Par Edelfin, on aura tout vu… Murmura l’Elfe entre ses dents.

– Il faut vraiment qu’on trouve cette auberge maintenant, insista le Gnome en rangeant sa convocation tout aussi méticuleusement qu’il l’avait sortie.

– Cela risque de ne pas être simple, avoua la sylvaine.

– Mais si ! C’est facile ! C’est au Pounet qui Tousse !

Cette fois, l’Elfe avait pu voir s’approcher l’Humain et ne fut pas effrayée, a contrario du Gnome qui crut sentir son petit cœur s’expulser de son torse.

– Salutations, répondit l’Elfe.
J’en déduis que tu viens aussi pour ta quête et qu’en prime, tu sais où est le lieu de rendez-vous ?

– Ouaip. J’habite un village plus à l’Est et je viens souvent ici, c’est dans cette direction.

Il pointait du doigt une petite rue étroite et sombre.
L’Elfe estima d’abord qu’il s’agissait d’une blague avant de se raviser face au sérieux de son interlocuteur.

– De toutes les rues, la plus sombre… Soupira-t-elle.

– En même temps, vu le patron… Répondit le jeune homme en commençant à avancer.

– Que veux-tu dire ? S’inquiéta l’Elfe, en lui emboîtant le pas.

– Excusez-moi, vous marchez fort vite !
Pourriez-vous m’aider ou m’attendre ?

Le regard du Gnome qui tentait, tant bien que mal, de galoper derrière eux se faisait suppliant.
Il vit la grande asperge soupirer d’un air supérieur et las, avant de lui dégager une place conséquente dans son sac.

“Et ça veut devenir magicien”, s’amusa-t-elle amèrement en son for intérieur.

***

Dans la tête de l’Elfe

« Pars à l’aventure ma fille, tu as besoin de te perfectionner pour devenir la meilleure druidesse de la forêt. »
La meilleure, je ne sais pas, mais la plus mal partie, ça semble bien engagé.

Déjà, avoir raté mon Brevet de Druidisme, ce n’était pas terrible, mais ça pouvait arriver puisque être une druidesse d’aventure est fortement recommandé, mais de là à me retrouver à faire une quête d’accès à ma classe dans ces conditions, c’est lamentable.

J’espère quand même apprendre des choses pendant ma quête, pour commencer, comment il peut exister des créatures davantage horribles que les Nains ?

J’ai toujours cru qu’il n’y avait que ces affreux barbus pour être moches et puants, mais les Gnomes ont l’air tout aussi dégoûtants et en prime, ils sont plus petits et semblent plus fourbes encore !

Bon, espérons que tout ça soit bientôt fini et que je puisse retourner dans la forêt, là où est ma place.

Au moins, ma grâce et mon élégance naturelles devraient me permettre d’obtenir un peu de support de l’Humain.

Comme Maman dit toujours, « ma fille, même à l’aventure, sois belle et tais-toi, ça t’aidera à obtenir tout ce que tu veux les rares fois où tu l’ouvriras ».

J’ai toujours trouvé ça très idiot et déplacé mais il faut bien reconnaître que jouer le jeu, ça pourrait sans douter m’aider…

***

Au lieu de rendez-vous

– Soyez les bienvenus au Pounet qui Tousse, beugla une voix masculine alors qu’ils passaient enfin le seuil de l’auberge.

L’Elfe chercha des yeux son interlocuteur et manqua de s’étouffer en apercevant un Nain aussi hideux que barbu, lequel lui rendit immédiatement son air haineux avant de se radoucir et de discuter avec l’Humain.

– Alors, c’est le grand jour, tu vas devenir chasseur ? Interrogea le patron.

– J’espère bien !

– Les autres sont déjà là, à l’étage.
Prends garde, il y a une grosse créature avec eux, non pas qu’elle a posé des problèmes, m’enfin, elle passe pas inaperçue.

– Oh, je suis désolé si mon comparse vous a dérangé, s’excusa le Gnome.

Le Nain crut un instant que le sac de l’Elfe venait de lui parler puis vit une petite tête dépasser tant bien que mal du bagage à main.

– Non, c’est juste que j’ai préféré les installer à l’étage pour ne pas qu’il effraie les clients d’ici.
À part les habitants de la ville, il n’y a que peu d’individus qui aient déjà vu un Ogre et encore moins qui en connaissent de réellement amicaux.
Bon, je ne vous retiens pas plus, vous allez avoir beaucoup à faire !

– Merci, Fervik !

L’Elfe suivit l’Humain à l’étage, en évitant stratégiquement le regard du Nain et en consolant le Gnome qui semblait vexé de constater que s’il n’avait pas parlé de l’Ogre, on ne l’aurait pas même aperçu.

Ils s’installèrent à une table, rejoignant une nomade qui semblait destinée à devenir une guerrière et était occupée à baby-sitter un Ogre, accompagnés par une créature d’une extrême beauté dont l’Elfe fut immédiatement jalouse, d’une espèce d’homme-lapin géant et d’un squelette qu’on avait dû déposer là pour rendre la décoration plus glauque encore qu’elle ne l’était déjà.

– Salut la compagnie, engagea l’humain.

– Rekys, répondit l’Ogre, souriant à l’Elfe et lui donnant des sueurs froides.

– Rekys, Bravor, enchaîna joyeusement le Gnome, bondissant du sac de la sylvaine sur la table.

– Bumsims ci si tuoq, ikki m’im niys nkyr ci luo hi bquor, continua l’autre, visiblement heureux, soulageant la nomade qui ne semblait pas vouloir se risquer plus longtemps à sa garde.

– Tiens, Gorda, et merci encore de l’avoir surveillé !

Le Gnome tendit une petite besace à la puissante femme.

L’Elfe estima à sa taille qu’elle ne devait pas contenir plus d’une ou deux pièces, ce qui – quand bien même elles seraient d’or – était fort mal payé à son goût.

Elle jugea aussi que de son avis, le baby-sitting d’Ogre devrait être illégal et que ces créatures ne devraient pas être tolérées dans les villes, parce que, quand même, elles sont extrêmement moches et malodorantes.

Gorda sortit de la bourse une petite montre.

– C’est une Gnolex ou je ne m’y connais pas ! s’exclama-t-elle.

– En effet, venue droit des ateliers de mon oncle, tu devrais facilement en tirer une centaine de pièces d’or.

La sylvaine s’étouffa en silence, tandis que l’Humain qui avait pris place autour de la table sur un tabouret décida qu’il était temps de prendre une chope de bière.

– Bon, il ne devrait plus tarder maintenant, espéra-t-il.

– Pounet, déclara l’homme-lapin.

L’Humain dévisagea l’Elfe, imaginant qu’en tant qu’habitante de la forêt, en harmonie avec la nature, elle était sans doute apte à parler une langue animale de ce type.

– Les Pounets ne parlent pas un langage animal mais sorcier, après une malédiction qui les a frappés au cours de la bataille de Gratullak Datour, en l’an 1100 du calendrier de Mesdrak, soupira-t-elle, exaspérée qu’on la prenne trop souvent pour une traductrice de toute langue pouvant exister.

– En fait, il saura prochainement parler Humain, il l’apprend au fur et à mesure des niveaux qu’il acquiert, répondit le Squelette.

L’Humain avait bondi de son tabouret, l’Elfe l’avait suivi et le Gnome s’était réfugié auprès de l’Ogre.

– Deys ner etuoq niyq, c’eysems py’um mi niys ner ki syiq, indiqua ce dernier.

– Qu’est… Qu’est… que dit-il ? se renseigna le futur chasseur.

– Qu’il ne faut pas avoir peur, d’autant qu’on ne peut le tuer, répondit Gorda que rien ne semblait pouvoir atteindre.

– Mon corps se disloque, mais ne meurt pas… enfin, pas à nouveau, plaisanta le Squelette.

– Eslevar androlia ? demanda le Gnome.

– Oui, j’ai reçu un sort de préservation de l’esprit, excepté que le mage devait me fournir un nouveau corps et n’a pas su comment s’y prendre, alors j’ai fait comme j’ai pu en réintégrant mon corps mort.

– Et si vous vous posez la question, l’odeur putride provient de la nomade et non de lui !

***

Le commanditaire du rendez-vous

Un homme, trapu et l’air visiblement fatigué, venait d’arriver à l’étage.

– Je suis Oduk Sigur, nous avons rendez-vous, précisa-t-il.

Tous acquiescèrent, reprirent place à table et l’écoutèrent attentivement.

– Puisque vous avez décidé de partir à l’aventure, voici des informations essentielles.

Tout d’abord, vous allez devoir prouver vos aptitudes pour la classe que vous souhaitez pratiquer.

Pour ce faire, chacun de vous va devoir compléter une quête.

Je tiens à vous préciser que, même si certains d’entre vous ont déjà une idée de la classe qu’ils souhaiteraient maîtriser, votre classe est liée à votre destinée, vous n’allez pas la choisir à proprement parler, vous allez en recevoir l’attribution malgré vous, en fonction des divers objets que vous trouverez ou aptitudes dont vous ferez montre.

Ensuite, vous allez devoir réfléchir aux métiers que vous voulez pratiquer en plus de votre statut d’aventurier.

Certains prennent du temps, mais tous apportent des bonus et des richesses non-négligeables.

Il gagna immédiatement l’attention du Gnome et de la Nomade qui estimaient que toute aventure se devait de les enrichir et ne semblaient dès lors que peu importunés par l’idée d’une première quête si technique et périlleuse fût-elle.

Enfin, termina-t-il, vous ne devez pas perdre de vue qu’en étant novices, vous ne disposerez, pour débuter, que de compétences très limitées.

C’est pourquoi je vous conseille de partir tous ensemble, en formant une compagnie, ce qui vous offrira le bénéfice d’avoir toutes les classes existantes à disposition.

L’Elfe examina ses compagnons avant d’intervenir.

– Je croyais qu’il existait neuf classes ?

Les druides, les chasseurs, les mages, les guerriers, les voleurs, les nécromanciens, les paladins, les prêtres et les chamans ?

Il nous manque vraisemblablement un compagnon, a priori le voleur ?

Elle avait hésité sur le rôle de chacun, mais estimait que personne n’avait le caractère ou l’apparence d’un cambrioleur, du moins, elle l’espérait.

– En fait, il manque effectivement quelqu’un qui vous attendra sur place pour attaquer la quête à vos côtés, confirma l’homme.

Avez-vous des questions ?

La plupart de ses interlocuteurs n’avaient pas compris la moitié de son discours, d’autres étaient trop occupés à vider leur chope.

Seule la nomade crut bon de poser une question, pertinente au demeurant.

– On va débuter sans rien ? Sans habits solides et armes de meilleure qualité ?

– Vous êtes des novices, répondit Oduk, impossible pour vous de porter autre chose que vos vêtements communs sans aller dans votre premier donjon ou valider votre première quête.

Les boutiques de la ville pourraient avoir quelques ressources, mais il est rare qu’on vende aux débutants et cela nécessiterait d’importantes sommes dont vous ne disposez pas forcément tous.

Il avait aperçu la Gnolex, mais estimait qu’il était déjà suffisamment rare d’en voir une pour douter que chacun ait des moyens équivalents en sa possession.

– Si vous n’avez pas d’autres questions, je vous laisse ceci.

Il posa sur la table huit déclarations de début d’aventure et une carte.

Nous sommes ici, à Orkradour, indiqua-t-il.

Votre quête débutera là, à la tour de Mogredir, au Sud.

Un garde vous y accueillera avec votre dernier compagnon.

Moi, j’attendrai votre retour ici, bonne chance à vous !

Chacun s’empare d’une déclaration d’initiation, salua l’homme et quitta l’auberge.

Ils se regroupèrent tous dehors.

– Nuyqpyuo be r’ennikki ki nuymis pyo suyrri ? demanda l’Ogre.

– Qu’est-ce qu’il veut ? Interrogea l’Humain devant l’air sceptique du Gnome.

– Il demande pourquoi l’établissement s’appelle « le Pounet qui Tousse ».

– Mais on s’en fout ! répondit la nomade, qui n’avait pas tort de l’avis de la majorité.

– S’il n’y a pas d’autres questions capitales, nous pourrions avancer suggéra l’Elfe avec un ton plutôt supérieur.

– Ouais, on pourrait, approuva l’imposante femme.

– Il faut d’abord qu’on s’occupe des formalités administratives avec la création de nos profils dans le FBI, prévint l’humain.

– C’est quoi le FBI ? Demanda Gorda.

– Le Fichier Biométrique Interaventuriers, une super invention de mes congénères… commença le Gnome avant de se faire couper la parole par l’Elfe.

– Le système qui permet notre identification et l’enregistrement de toutes nos caractéristiques.

On peut tout remplir soi-même, mais il faut joindre un portrait réalisé par des calligraphes assermentés.

– Je vais demander à Fervik de nous conduire au bon endroit, répondit l’Humain.

Quelques instants plus tard, la troupe se faisait croquer par la légendaire Œil Céleste et un calligraphe dont les nombreux trophées au mur soutenaient qu’il devait être un très puissant maître en la matière quoique son nom n’ait pas marqué qui que ce soit.

Après des minutes d’autant plus interminables qu’il s’agissait réellement d’heures compressées par un sortilège arcano-temporel majeur, mais aussi parce que le Pounet semblait avoir du mal à rester concentré et à ne pas bouger, chaque membre de la joyeuse compagnie disposait d’un dossier complet.

L’Elfe grimaça en apercevant le dossier de l’autre créature féminine qui les accompagnait et qui ne se contentait pas d’être plus belle qu’elle à son goût, mais s’offrait le luxe d’être beaucoup plus épique sous les encrages d’Œil Céleste.

– C’est pas qu’elle est belle, c’est que nous, on a l’air d’avoir déjà combattu et morflé sévère, souligna Gorda.

La sylvaine regarda de nouveau l’illustration de son dossier ; la hauteur de ses hanches, la position de ses membres, tout lui semblait comme vu complètement différemment.

– Realitis Alteriæ ? Suggéra le Gnome

– Oui, soit il voit le monde différemment de nous, soit il est juste mauvais, pesta l’asperge.

– Les écrits font état d’un grand artiste qui voyait le monde différemment et dont la singularité des œuvres a conquis tout un public, un certain Pica Sot.

– Si tu y crois, investis donc, peut-être qu’un jour se faire croquer le portrait par Sire Obscurgoulet vaudra rubis sur l’ongle.

– SI TOUT LE MONDE A SES PAPIERS, ON PEUT Y ALLER, cria l’Humain pour l’ensemble de la troupe.

Ils se mirent donc en route, cap au Sud, en direction de la tour de Mogredir, siégeant dans la forêt de Drudenrir.

***

Dans la tête de l’Humain

Les autres ont l’air assez détendus, mais je ne le suis pas.

En plus, j’ai l’impression qu’on oublie des choses essentielles.

Pour ne rien faciliter, nos compétences actuelles sont carrément minces : on a un soin, une attaque à main nue, une attaque à la dague alors qu’on n’en a pas de vraie, tout au plus un vieux silex émoussé et un sort de provocation de la cible.

Apparemment, une fois dans la tour, on saura inspecter les lieux minutieusement, mais ça risque de ne pas suffire à prévenir tous les risques.

Et puis je me demande ce que savent faire le Pounet et la créature féminine dont on ne sait rien.

Bon, elle est belle, elle pourra toujours divertir les monstres.

***

Dans la tête du Gnome

Ah, ce bon vieux Bravor !

C’est pratique un Ogre, c’est grand, suffisamment fort pour vous transporter sur ses épaules sans problème et en plus, ça vous met KO un monstre sans trop de difficultés.

Par contre, on ne peut pas dire que les autres soient aussi intéressants.

Bon, Gorda ça va encore, elle est musclée et elle a l’air d’en avoir un peu dans la caboche même si elle doit être du genre à foncer dans le tas dès qu’elle peut, par contre l’Humain et l’asperge sont très fins, ils doivent casser facilement.

Le Squelette aussi, mais lui, il s’en fout, il ne peut pas mourir à proprement parler.

Le Pounet ressemble à une grosse peluche, mais il doit aussi filer de bonnes tartes.

Et la dernière… Je ne sais pas, mais elle est drôlement belle quand même et pourtant, en dehors des Gnominettes, je suis Gnome à être très difficile !

***

Dans la tête de l’Elfe

Mais dans quoi je me suis encore embarquée, moi ?!

Bon, on va essayer d’être un minimum sympathique avec ceux qui pourraient être utiles.

Disons que je dois bien me tenir avec l’Ogre et la Nomade parce qu’ils ont l’air fort et le Gnome, parce qu’il est ami avec eux et semble plutôt riche.

Par contre, pas de cadeaux pour cette… Je ne sais même pas ce que c’est, mais elle a l’air de se croire plus belle que moi et en plus, elle n’a pas dit le moindre mot, alors en prime d’être une pimbêche, c’est une sacrée impolie !

Je vais essayer de ne pas mourir et de vite finir cette quête, que je puisse les quitter rapidement.

***

Dans la tête de la nomade

Bon, on rentre, on tape, on fouille, on valide notre quête et on se fait des sous.

Y’a pas de raison que ça ne marche pas.

Et une fois que j’aurais ma classe guerrière, je pourrais m’attaquer à de plus gros donjons.

J’espère que l’Ogre et le lapin vont continuer aussi.

L’Ogre est un peu turbulent sans le Gnome, mais il est fort et on pourrait bastonner de gros monstres ensemble !

***

Après une bonne demie-heure de marche, rallongée par les escapades de l’Elfe qui discutait avec des écureuils, la troupe découvrit enfin la tour.

– Mais quelle horreur, c’est ignoble ! s’exclama l’Elfe.

– Ben, c’est une tour, répondit le Squelette.

– Mais non, pas ça, grommela la jeune femme, CA !

Elle pointait du doigt un petit homme trapu, chevelu et barbu qui sirotait une bière en discutant avec un garde.

– Ohé ! Seigneur Nain ! salua le Gnome, visiblement heureux de voir qu’il ne serait pas le seul être de petite taille de l’aventure.

Le chevelu releva la tête et lui répondit d’un signe de la main.

Il accueillit la troupe près du garde, non sans sourire ouvertement à la nomade tout en restant glacial à l’égard de la tige verte qui serait, s’il avait bien saisi, une future druidesse, une bouffeuse de verdure donc.

– Voilà la tour qui nous attend.

Il y a 5 étages, sans parler des éventuels sous-sols.

– Pounet !

Cette fois, le lapin avait l’air surpris.

Il est vrai que la tour semblait imposante pour des débutants.

– Um qimsqi.

– Il suggère qu’on entre, traduisit le Squelette.

– Avant, je dois vous donner quelques détails, intervint le garde.

Quand vous allez entrer dans la tour, vous allez recevoir des objectifs de quête.

Ces quêtes sont générales, vous ne choisirez pas votre classe, c’est elle qui vous choisira.

Dans chaque pièce, vous serez en mesure d’effectuer une fouille.

En fonction de ce que vous trouverez ainsi, vous compléterez vos objectifs.

Il regarda l’Humain qui semblait dubitatif.

– Par exemple, si vous êtes destiné à être chasseur, vous trouverez sans doute un arc et des flèches par ce biais.

Il acquiesça.

– En attendant de trouver ces items, devrons-nous malgré tout combattre ?

La voix qui venait de s’exprimer était mélodieuse et harmonieuse, l’Humain en conclut qu’elle ne pouvait venir de la barbare, mais l’Elfe ne semblait pas avoir parlé.

– Oui, demoiselle Fée, vous encourez ce risque.

Tout dépendra de votre organisation de la fouille de ce donjon.

L’Elfe et la barbare évaluaient les conséquences de cette information, les autres semblaient ailleurs et pour cause, ils voyaient une Fée pour la première fois.

– Une Elfe et maintenant une Fée !

On n’est pas sortis de la chaumière, j’vous l’dis, râla le Nain.

La grande asperge ne répondit rien, mais n’en pensait pas moins.

La Fée sourit au petit homme avec une sérénité qui lui fit presque penser qu’il avait eu tort de l’attaquer verbalement.

– Bon, on y va ?

J’veux taper du monstre moi ! s’impatienta la barbare.

– Pounet !

Il avait l’air d’avoir retrouvé sa jovialité et son engouement.

L’Ogre faisait les cent pas et le Squelette acquiesçant, ils remercièrent le garde et entreprirent d’entrer dans la tour.

– Alea Jacta Est, lança le Nain.

– Comme vous dîtes, soupira le Gnome, inquiet du contenu de la tour.

Tapies dans les ombres, usant de leurs pouvoirs pour garder un œil sur cette troupe atypique qui se présentait devant leur donjon, diverses créatures conversaient et organisaient leurs forces.

Parmi elles, un individu aux cheveux si clairs qu’on ne saurait dire s’ils sont dorés ou argentés, déposait des dossiers sur un bureau, pointant du doigt celui au nom d’une certaine Linaewen.

– Tu sais ce qu’il te reste à faire et tu sais comment y parvenir.

Ne me déçois pas, ta survie ne tient qu’à moi, ne l’oublie pas.

Le regard malicieux, la succube dégagea deux autres dossiers de la pile.

– Ces deux- là feront l’affaire et la paire pour qu’aucune résistance ne soit opposée.

Puis pointant un autre dossier, soigneusement mis à l’écart : mais lui, je le veux pour moi.

Un geste de la main lui intima de se taire et de se mettre au travail.

– Et que dois-je faire d’elle et de notre prisonnière ?

– Nous en avons parlé Céréna, elles périront comme les autres.

Et toi avec si tu devais trahir la cause.

– Je suis beaucoup de choses, mais pas une traîtresse.

Elle crût apercevoir le début d’un sourire sur le visage de l’autre.

– C’est vrai, d’ailleurs je vais te faire un cadeau.

Voici un orbe, tu sais comment l’utiliser pour plier du monde à ta volonté, il devrait te faciliter la tâche.

À présent, laisse-nous, nous avons encore à faire ici.

Elle prit congé après une courbette, laissant les elfes seuls avec leurs démons.

Puis quelques instants plus tard, Mogredir quitta à son tour la salle du conseil pour rejoindre ses appartements, non sans faire un détour discret auprès de celui qui fût le dernier être insouciant à pénétrer ces lieux maudits.

– J’ai une dernière tâche à te confier avant la reprise de ta garde.

Prends et va lui apporter, mais surtout ne le dis à personne, absolument personne.

De sa poche, elle sortit une carte d’un tarot très ancien.

L’usure témoignait de la fréquence avec laquelle le jeu avait dû être employé.

La créature s’en saisit et partit, à grandes enjambées, accomplir cette mission, dévalant les escaliers, quelques couloirs trop sombres même pour elle et rejoignant une ménagerie avant de remettre la carte à son nouveau propriétaire et d’aussitôt tourner les talons s’en retourner dans le couloir maudit et reprendre son éternelle ronde sur plusieurs étages.

– Les pions sont en place, la cavalerie arrive, encadrée de fous dont il nous faudra prédire les mouvements, pour qu’à la fin tombe la tête du roi…


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