Avoir une idée, la noter, avoir un shot de dopamine, sentir toute la “hype” qui va avec ce nouveau projet, avoir la retombée de la dopamine et déposer ça sur la pile de “faut que je…” par manque de motivation, ça sonne familier ?
Alors mon article du jour va t’intéresser !
Des heures à faire le ménage pour ne pas bosser sur un manuscrit, un binge watching furieux de la dernière série que tu n’aimes même pas, mais ça t’occupe parce que “tu n’as le goût à rien” : aujourd’hui, on va parler de la motivation en berne et de comment je nourris cette motivation pour avancer mes projets.
Nourrir sa motivation et analysant sa procrastination.
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles nous perdons notre motivation et contrairement aux apparences, la procrastination est une cause de la perte de motivation et non une conséquence.
Et la procrastination, c’est une manifestation de notre anxiété.
Si tu as déjà lu avec assiduité mes articles précédents, tu sais que l’anxiété, c’est notre enfance qui nous signale qu’on a déjà vécu une situation suffisamment proche par le passé et que le résultat ne nous a pas plu.
Quel est le foutu lien avec la procrastination et la motivation ? Je t’explique.
Admettons que dans ton enfance, tu aies dû faire un exposé sur des créatures fantastiques.
Cela te passionnait, tu y as mis tout ton être, tu y as consacré un volume faramineux de temps sauf qu’à la fin, personne n’a aimé, on t’a peut-être même dit que c’était nul parce que tes sources étaient peu qualifiées alors qu’on t’avait jamais appris à trier les sources.
Si aujourd’hui, tu dois écrire un chapitre de ton roman qui met en scène une des créatures en question, une petite voix, à peine perceptible, va te souffler que quoi qu’il arrive, tu fais ça pour rien, que ça ne plaira à personne…
Et tu te retrouves à savoir que tu dois écrire et ne pas savoir pourquoi non, ça veut pas.
Et comme tu ne peux pas tourner en rond dans cette dissonance que tu n’identifies pas, tu vas trouver autre chose à faire, parfois de très productif, pour te fournir l’excuse que tu ne pouvais pas écrire la suite.
Te voilà donc à procrastiner, parce que ton anxiété a tué ta motivation.
Mais alors, comment on nourrit cette motivation qui a disparu sous le poids du passé ?
En relativisant nos doutes.
Quand je bloque dans mes écrits (et le tome 2 des aventuriers d’Orkradour est une épreuve quotidienne à ce sujet, d’où mon retard), je prends un carnet et je note tous les thèmes sur lesquels je dois écrire sans y parvenir.
Ensuite, je liste toutes les mauvaises expériences en lien plus ou moins direct avec ces thèmes.
Et je trie tout ce qui en ressort.
Les critiques constructives me permettent de faire une liste de “ces trucs dont je dois vérifier que je les ai faits ou évités dans mon récit” et le reste, c’est poubelle, parce que lorsque quelqu’un émet une critique négative non argumentée, comme “c’est nul”, “tu sers à rien” et autres joyeusetés, ce que cette personne dit, en réalité, c’est “je n’aime pas que tu m’obliges à questionner ma position”, “je n’aime pas que tu aies eu cette idée à ma place”.
Les gens aiment le confort de leur pensée et la culture du mythe de la rareté, théorie selon laquelle si j’ai une idée géniale, surtout je dois n’en parler à personne, comme si avec 8 milliards d’êtres humains, personne n’avait jamais eu la même et qu’elle était si parfaite que des gens seraient prêts à tuer pour l’avoir, quel melon…
Bref, si tu procrastines, creuse pour trouver pourquoi et quand tu auras mis le doigt dessus, outre le fait que tu pourras avancer, la satisfaction d’avoir trouvé la source du problème te donnera un shot bonus de dopamine.
Bien sûr, ce n’est pas le seul motif de perte de motivation.
Il y a aussi le fait de voir un but monstrueux et pas le chemin à parcourir.
Garder sa motivation grâce à des balises mentales.
Progresser vers son but, c’est comme faire une longue randonnée vers le succès (une métaphore qui plaira sans doute à notre artiste randopuzzlière préférée, Justine C.M., dont le roman Evana est sorti à la fin du mois dernier !).
Et très souvent, on oublie trois choses :
- La randonnée est un sport où l’on croit atteindre le sommet quand on est parfois sur une simple crête.
- C’est un sport où la persévérance joue un rôle important quand on est sur un plateau qui semble n’en plus finir.
- C’est aussi un sport où l’on doit admettre que pour atteindre le sommet final, il y aura de nombreux cols à franchir, imposant de redescendre pour mieux remonter.
Cette comparaison permet d’identifier les moments clé où notre motivation va forcément en prendre un coup : si tu crois être au bout et que tu réalises qu’en fait, pas du tout, plus une goutte de dopamine pour toi et bye bye la motivation ; si tu ne vois que l’immense distance à parcourir sans connaître où se situe ton but dans le temps et l’espace, idem ; si tu as peur de trébucher ou de devoir faire des détours, tu vas abandonner plus rapidement.
Alors comment on fait, quand on a un projet de longue haleine (comme écrire un livre, monter son entreprise, préparer une compétition…) ?
Comme pour une randonnée, on balise le chemin !
Dans son livre “Votre idée va devenir une réalité“, Fabien Olicard revient sur le problème de la motivation (qu’il aborde aussi dans cette vidéo) et il y parle du besoin d’avoir des buts “SMART”, un acronyme pour :
- Spécifique
- Mesurable
- Atteignable
- Réaliste
- Temporel
Et ceci doit te servir à marquer des étapes dans ton parcours vers ton but du moment.
D’ailleurs, cette pratique est courante dans le milieu littéraire ; elle est, par exemple, la base du NaNoWriMo, où pendant un mois, on tente d’écrire un livre de 50 000 mots, soit environ 1700 mots par jour.
Le but global comme les buts quotidiens, répondent aux 5 critères.
Et chaque jour où l’on écrit au moins 1 mot (car “1 vaut mieux que 0” comme Fabien l’explique aussi dans “le bonheur est caché dans un coin de votre cerveau“), voire où l’on atteint son but du jour, est une source de dopamine, qui va booster notre motivation.
Même dans les jours de “creux” (correspondant aux cols, dans une randonnée), on garde le sommet en vue, ce qui permet de persévérer.
Et il existe une troisième chose qui peut nourrir ta motivation, en tout cas ça fonctionne bien pour moi : l’énergie de groupe !
La motivation par l’engagement et par procuration.
Particulièrement les jours de creux, se motiver dans son coin, c’est pas facile.
En groupe, en revanche, c’est totalement différent.
C’est comme pour aller à la salle de sport : si on prend l’engagement avec une autre personne, on va avoir plus de mal à se trouver des excuses pour procrastiner.
Ce phénomène est ce qui contribue à rendre le NaNoWriMo aussi fédérateur, mais il peut aussi servir dans le quotidien, en dehors des événements internationaux.
Tout d’abord, on peut nourrir sa motivation par l’engagement envers sa communauté, indépendamment de la taille de celle-ci.
Appliquer la méthode SMART nous permet de savoir quel est le prochain but que l’on veut atteindre dans notre randonnée vers le succès et on peut annoncer cet objectif pour le transformer en engagement envers autrui : “dans 10 jours, je vous livre le premier jet de mon troisième chapitre”, “dans 1 mois, je publie une vidéo où je joue telle chanson que vous m’avez demandé, au piano”, etc.
Mais quand on a déjà perdu sa motivation, c’est plus dur de se remettre en selle ainsi, car les petites voix de l’anxiété nous font aussi procrastiner ces annonces.
À la place, on peut essayer d’obtenir de la motivation par procuration.
C’est une partie de ce qu’il se passe lorsque l’on travaille en groupe pour des “words wars” (guerres des mots).
Si tu ne connais pas, le principe est simple et adaptable à n’importe quelle activité.
Pour les auteurices, c’est un défi temporel ; en gros, pendant 15, 20, 25 minutes (le temps est choisi collégialement), on va écrire / corriger un texte.
À la fin du temps imparti, tout le monde s’arrête, chacun compte son nombre de mots traités et peut partager un extrait.
Ici, ce qui compte est moins le fait d’écrire un plus gros volume que d’écrire tout court.
À la place de la dopamine, c’est l’adrénaline qui va nourrir la session de travail et à la fin, elle offre la possibilité de tirer de la dopamine de la progression d’autrui, particulièrement si tu pratiques une forme de compétition saine avec d’autres personnes de ton secteur en mode “aujourd’hui, j’applaudis ton succès, à la prochaine session je repasse devant”.
Savourer la réussite du groupe permet aussi d’avoir un sentiment positif, au moins on a participé, même si c’est pour quelques mots de plus.
1 vaut mieux que 0.
Bonus : avoir sa source de motivation sous les yeux en permanence
Dans le traitement de la motivation et du système SMART, Fabien rappelle l’importance du questionnement profond du pourquoi.
Ce questionnement est essentiel, car si tu perds ta motivation, la première chose qui va parasiter ton esprit, c’est “pourquoi je continuerai ?”.
Et la moitié de la réponse tient souvent dans nos valeurs fondamentales.
J’écris pour apprendre (parce qu’il faut se documenter pour écrire), inclure et partager.
Pour ne pas perdre cette motivation de vue (et tout autre motif, d’ailleurs), je me suis fait un mur de post-it, face à moi.
Je ne peux pas m’installer à mon bureau sans les voir.
Je ne peux pas soupirer de désespoir sans les voir.
Mon “pourquoi” est toujours face à moi.
Mais savoir pourquoi n’est pas toujours suffisant.
On l’a vu : le succès, c’est une randonnée.
Et la randonnée, c’est aussi un “comment ?”.
Mon pro tip : se faire une feuille de route, qui donne envie d’être regardée (un A4 custom sur Canva fonctionnera très bien, sinon j’en crée sur mesure) et qui te rappelle chaque étape clé devant toi.
Et qui te motive à faire le prochain pas de plus et surtout te rappelle de te récompenser pour chaque palier franchi.
Parce que oui, il faut te récompenser, avec un truc à ton image : prendre un café avec tes meilleurs potes, t’offrir une après-midi de repos : peu importe, du moment que tu le fais quand tu réussis 😉
Et toi ? Quelles sont tes astuces pour nourrir ta motivation ?
Partage tes idées en commentaire 🙂