TSADAH, c’est moi, l’explorateur·rice de mon monde intérieur ! Aujourd’hui, on va parler d’une pratique que j’estime méconnue : l’introspection. Prendre du temps pour regarder en soi, analyser ses choix et ses émotions, ce n’est pas juste un luxe, c’est une nécessité pour évoluer et mieux se comprendre.
Prêt·e à plonger dans ton univers intérieur ? Allez, c’est parti.
Qu’est-ce que l’introspection ?
L’introspection, c’est l’art de tourner son regard vers soi-même. C’est s’observer sans jugement, avec curiosité et bienveillance. Cela implique de réfléchir à son parcours, ses choix, ses émotions, et les schémas qui se répètent dans sa vie.
Ce n’est pas une simple analyse mentale, c’est aussi une écoute de son corps, de ses intuitions et de ses besoins profonds. En gros, c’est comme faire un bilan de santé émotionnelle et spirituelle.
Pourquoi pratiquer l’introspection ?
Dans le tourbillon du quotidien, on se laisse souvent emporter par les routines et les obligations. Avec mon autisme, pour ne rien te cacher, j’avais carrément l’habitude d’avoir alarme/alerte pour chaque tâche que je voulais accomplir dans ma journée et même si mon TDAH adore quand je ne m’y tiens pas, mon autisme lui me pose un gros problème et le meltdown me guette à chaque faux pas.
L’introspection, c’est l’occasion de faire une pause, de respirer et de se recentrer. En tout cas, c’était ce qu’on m’en disait, en me promettant que j’allais en tirer les bienfaits suivants :
1. Mieux me connaître
Comprendre mes besoins, mes valeurs, et mes aspirations pour me permettre de faire des choix alignés avec qui je suis vraiment.
2. Repérer mes schémas
L’introspection aiderait à identifier les habitudes ou les comportements qui se répètent, parfois inconsciemment. Ce serait la première étape pour les transformer.
3. Apaiser ses émotions
Prendre le temps d’écouter ce que je ressens permettrait de mieux gérer mes émotions, au lieu de les refouler ou de les laisser exploser.
4. Prendre des décisions claires
Avec une vision plus éclairée de moi-même, je pourrais poser des choix plus cohérents et stratégiques pour mon avenir.
5. Renforcer ma résilience
Comprendre mes forces et mes faiblesses me donnerait les outils pour faire face aux épreuves avec plus de calme et de sérénité.
Comment pratiquer l’introspection ?
Oui parce que c’était bien beau de me proposer l’introspection, encore fallait-il que je sache comment m’y prendre. Pas besoin d’aller vivre en ermite (dommage) pour cultiver l’introspection. Il suffisait de :
1. Créer un espace de pause
Trouver un moment régulier dans ma journée ou ma semaine pour me poser. Cela pouvait être le matin en buvant mon café, ou le soir avant de dormir. Du coup, ça, mon autisme a bien aimé, ça faisait un rendez-vous régulier, donc je l’ai ajouté à ma routine du matin et ça va avec ma culture du silence.
2. Utiliser un journal
Noter mes réflexions, mes émotions et mes questionnements. Le simple fait d’écrire aiderait à clarifier mes pensées. Je suis auteurice, donc j’ai évidemment toujours un calepin près de moi, maintenant j’en ai un deuxième dédié à cette pratique.
3. Me poser des questions importantes
- Qu’est-ce qui m’a rendu fier·e dernièrement ?
- Quelles sont les émotions que j’éprouve souvent en ce moment ?
- Quelles relations ou activités me donnent de l’énergie ? Lesquelles m’en enlèvent ?
C’est la partie qui constituait, dans mon esprit, le plus grand challenge, parce qu’avec mon anxiété et le ressassement autistique, ça me semblait un péril évident.
4. Chercher des échanges constructifs
Parler avec quelqu’un de confiance (ami·e, coach, thérapeute) pourrait enrichir mon introspection en m’offrant des points de vue extérieurs (donc, évidemment, j’ai pas arrêté de solliciter Justine C.M.).
Les pièges à éviter qui m’inquiétaient avant même de commencer
L’introspection peut être puissante, mais elle peut aussi devenir écrasante si on s’y perd. Et j’avais peur de :
- Trop analyser Coucou les TSDAH qui overthink à longueur de journée !!! L’introspection n’est pas une autopsie de notre vie, pour la pratiquer sereinement, je savais donc qu’il me faudrait un système de garde fou.
- Se juger Le but n’est pas de se critiquer, mais d’observer avec bienveillance, idem, très difficile pour les neuroA.
- S’y plonger uniquement dans les moments difficiles Mes neuroatypies me poussent souvent à l’effet « cocotte minute » : quand tout va bien, je ne ressens pas le besoin de faire quoi que ce soit et après je passe en gestion de crise, alors qu’il faudrait aussi faire de l’introspection quand tout va bien pour identifier ce qui fonctionne dans ma vie et prévenir les risques.
Comment j’ai finalement aménagé ma pratique
En ce moment, j’ai une période vraiment difficile. Je suis partagé·e entre la préparation d’une audience au JAF, le fait d’avoir deux enfants à charge sans aide et de ne pas gagner correctement ma vie en partie à cause de mes handicaps et d’une phase creuse dans leur gestion.
Et je me suis dit que l’introspection ne pourrait pas tant me faire de mal donc j’ai voulu expérimenter, mais en posant des barrières de sécurité.
J’ai donc décidé notamment de :
- M’interdire de continuer à creuser un sujet si ma pensée n’est plus directement liée au sujet initial; le fait d’écrire et de fonctionner avec des diagrammes, un peu comme du mind mapping, m’a beaucoup servi !
- Aborder le sujet comme si c’était le problème d’une amie plutôt que le mien, parce que je sais que je traite mes amies mieux que moi-même; cette technique m’évite d’être dans le jugement et m’ancre dans des approches plus réaliste de solutions.
- Et j’ai incorporé la pratique dans mon quotidien pour que, peu importe la teneur de la journée ou de la période, positive ou négative, j’ai ce dialogue avec moi-même.
Et le soir, ma routine des petites victoires me permet de souligner le positif.
Cela me permet de mieux aborder la question de mon audience à venir, des problèmes financiers que je rencontre, mais aussi plus simplement des exigences que j’ai envers moi-même.
Toutefois, je pense que c’est une pratique qui peut être plus bénéfique en groupe, pour quelqu’un qui aurait du mal à borner les risques; évidemment, ça ne remplace pas une thérapie et j’aurais même tendance à me dire que pour une personne dans une période difficile et/ou en gestion de crise, il vaudrait mieux ajouter des séances avec son psychiatre que de tenter l’introspection dans son coin.
Une pratique intéressante quand on est autonome
L’introspection n’est pas une destination, c’est un voyage. S’auto observer ouvre de nouvelles portes, donne une autre vision de soi, mais ne sera positive et sans danger qu’à la condition d’avoir une réelle autonomie sécure de pensée.
Comme nombre de pratiques provenant des milieux alternatifs / « zen », elle ne s’improvise pas et il est important d’en évaluer le ratio bénéfices / risques.
Et toi ? Tu pratiques l’introspection ?