Un petit mot sur l’acceptation de l’autisme

Illustration de l'article "Un petit mot sur l’acceptation de l’autisme" avec une licorne sur fond arc-en-ciel

Le mois dernier, Avril, était le mois de l’acceptation de l’autisme.
J’avais envisagé de faire une vidéo qui revienne sur les clichés, mais aussi sur les problématiques qui entourent encore le traitement médiatique de l’autisme, toutefois elle serait venue d’un endroit fort sombre et je voulais commencer le sujet par du positif.

En aucun point je n’entends m’exprimer au nom de toutes les personnes autistes, il s’agit de MON regard sur le sujet.
Bonne lecture.

C’est quoi, au juste, l’autisme ?

Pour vivre, nous avons tous besoin de lumière et la lumière, c’est un ensemble de couleurs que l’on découvre avec émerveillement lorsque se forme un arc-en-ciel.
Lorsque le soleil frappe des gouttes d’eau, les lois de la physique vous permettent d’en voir la décomposition en un spectre du rouge au violet en passant par une infinité de couleurs et leurs nuances subtiles.

Vous pourriez aussi observer un arc-en-ciel en prenant un verre pour le remplir d’eau, le poser sur une feuille de papier et l’exposer à la lumière, car les mêmes lois de la physique s’appliqueront pour vous en donner un nouveau.

Si ces deux arcs-en-ciel existent pour les mêmes raisons, ils fonctionnent différemment.
L’un est plus grand, mais éphémère, l’autre plus petit, mais portable et peut être rendu constant.

D’ailleurs, on pourrait en faire un troisième, avec un prisme en verre, sans avoir besoin d’eau.

La seule différence entre ces méthodes, c’est qu’en faisant varier la taille, la forme, finalement l’architecture physique qui permet à l’arc-en-ciel d’exister, le spectre sera plus grand ou plus petit, plus nuancé ou plus restreint.

Il ne viendrait jamais à l’esprit de qui que ce soit de dire que l’un de ces arcs-en-ciel est anormal, qu’il n’a pas sa place dans cet univers, même si la structure qui le fait exister diffère.

Le trouble du spectre autistique est ce que l’on appelle un trouble du neurodéveloppement, c’est-à-dire une architecture cérébrale différente.
En plus clair, si la vie est un spectre fonctionnel, un arc-en-ciel de compétences que l’on a chacun à des degrés différents, la différence entre une personne autiste et une personne alliste[1] est similaire à celle d’un arc-en-ciel de gouttes et tout autre type d’arc-en-ciel.

Si on conditionne la vie à la capacité à être pleinement fonctionnel, en tout temps, alors on dit que l’arc-en-ciel de gouttes, qui est éphémère et ne peut exister que dans des paramètres très précis, n’a pas sa place dans l’univers et que l’arc-en-ciel d’un verre d’eau, qui imite mieux celui du prisme solide et durable doit être la seule figure d’exception.

Et c’est ainsi que l’on prétend que le visage de l’autisme est celui des génies (une poignée de personnes, dont Marie Curie et Alfred Hitchcock ou des figures fictives comme Sherlock Holmes, Monk, Hercule Poirot), en refusant de faire évoluer notre société pour qu’elle accorde une place à tous les autres autistes, parce que leur arc-en-ciel serait trop flou, trop éphémère, trop lointain.

Pour mieux vivre ensemble, admettons que si nous n’aurions pas l’idée d’exiger de voir un arc-en-ciel entièrement bleu, il n’y a pas de raison d’être “tous en bleu”, une injonction qui prétend que l’autisme ne concerne que les hommes[2].
Soyons plutôt le symbole de l’infini arc-en-ciel.

Admettons que si nous n’aurions pas l’idée de dire à un arc-en-ciel de pluie qu’il est malade et que c’est pour ça qu’il est éphémère, alors il n’est pas davantage normal de prétendre que les autistes sont un puzzle humain auquel il manque simplement une pièce qui les rendraient allistes et que cette pièce se retrouverait dans la torture[3].

Admettons que de la même façon qu’on ne peut exiger d’un arc-en-ciel de gouttes qu’il apparaisse le lundi de 15 à 17h et le vendredi de 9h à 11h, il n’est pas plus logique de demander à une personne autiste d’être fonctionnelle aux horaires où un magasin baissera sa musique et tamisera ses lumières.

L’acceptation de l’autisme, c’est prendre la main de nos frères et nos sœurs, quelle que soit leur position sur le spectre de la lumière de la vie et rendre possible leur diagnostic, leur accompagnement, leur instruction, leurs ambitions, leur existence à la même hauteur que celle de n’importe qui d’alliste, en respectant toutes les nuances de leur couleur.

Et la plus grande forme d’acceptation, c’est de ne pas lâcher notre main maintenant que le mois dédié à l’autisme est derrière nous.


Notes :

1 – Le terme “alliste” désigne une personne non autiste.

2 – Beaucoup de gens m’ont confié ne pas savoir d’où venait le fameux “tous en bleu” mis en avant jusqu’aux plus hautes sphères politiques, maintenant vous savez que c’est sexiste et relativement récent (post Bernays, puisque le bleu représente le masculin ici).

3 – L’ABA (Applied Behaviour Analysis) est une forme de “thérapie” pour les autistes qui consiste en de la torture, quoi que disent les allistes qui la défendent becs et ongles. Ce n’est ni plus ni moins que l’équivalent des thérapies de conversion. Le principe est simple : on “corrige” (jusqu’à récemment, parfois encore aujourd’hui même si c’est illégal, avec des électrochocs) l’expression des traits autistiques.
Et quand des allistes vous disent “ben si, ça marche, ça a sauvé mon enfant”, ce qu’il faut entendre c’est “désormais j’ai un enfant conditionné à agir comme un alliste par peur et j’ai violemment augmenté ses risques de breakdown, meltdown et suicide”.
Tout ça parce qu’on refuse d’accepter que les gens aient un comportement différent (sauf si ce sont des génies… quoi que…).

Au fait, tu savais que dans les Aventuriers d’Orkradour, certains personnages sont autistes ?
Hésite pas à découvrir la saga !

Fais tourner !

1 réaction sur “ Un petit mot sur l’acceptation de l’autisme ”

  1. Ping Écrire les neuroatypies et donner une chance aux neuroA

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