[Chronique] La sorcière au fond des bois.

Vous aimez les écrits qui prennent le risque de mettre en scène des figures emblématiques de divers folklores ?
Aujourd’hui on parle de La sorcière au fond des bois, un conte qui réinvente la célèbre Baba Yaga !

Avant-propos

Pour réaliser mes chroniques, je mets un point d’honneur à faire preuve de la plus grande objectivité possible, plutôt qu’à vous livrer seulement mon avis subjectif de lecteurice.
Pour cette raison, mes chroniques se décomposent ainsi :

• La présentation officielle
• Ma réaction à la présentation
• Qu’en penser après la lecture ?
  • sur la forme
  • sur le fond
• J’aime… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie à tout prix, pas du tout ?
• Remerciements et autres infos utiles.

Maintenant que vous savez à quoi vous en tenir, entrons dans le vif du sujet !

La sorcière au fond des bois : la présentation officielle.

Elle était une. Elle était multitude. Pour venger les opprimés et le mal qu’on lui avait fait. Gare à toi qui lève la main sur l’innocent, car demain coulera ton sang.

“En tant que capitaine de la garde, Gregory incarne l’ordre et la discipline. Pourtant, chaque soir, il se noie dans l’alcool pour fuir sa colère et ses cauchemars.
Mais quand l’ombre de Baba Yaga revient planer sur le village et que la petite fille de son amante disparaît mystérieusement, les fantômes de son passé resurgissent.

Pour ramener Alina à sa mère, il devra affronter bien plus que des animaux sauvages ou la rage qui consume son cœur, car les blessures du passé sont souvent les plus douloureuses.”

Cette réécriture du conte de Baba Yaga, la sorcière russe, aborde encore une fois le thème des violences domestiques et conjugales d’un point de vue différent de son prédécesseur “Le Diable de Noël“, également disponible sur amazon.

Illustration de couverture : Pauline Gallois
Avertissement de contenu : violence, sang, alcoolisme.

Ma réaction à la présentation.

Sincèrement, la présentation m’a vendu du rêve.
D’abord, parce que j’adore la réécriture de figures de légende, ensuite parce que j’adore Baba Yaga à qui je consacre une nouvelle dans Préludes (oui, ce livre sortira un jour, patientez, que diable.), enfin, parce que la présentation pose directement le cadre dans lequel on va réécrire ce conte (un point important dans la mesure où Baba Yaga représente énormément de choses selon dans quel pan du folklore eurasien vous vous égarez).

FUCKING POINT BONUS POUR LES TW (et une pensée émue aux auteurices qui prétendent encore que c’est pas utile, perso étant concerné·e par le sujet, j’étais ravi·e de savoir que ça pouvait un peu trop me toucher avant d’attaquer ma lecture).

Bref, j’avais envie de tourner les pages du livre, mais est-ce que ça a été à la hauteur de mes attentes ?

La sorcière au fond des bois : qu’en penser après la lecture ?

Si je devais résumer ça en une phrase, je dirais “simple et efficace”, ce qui n’est pas donné quand on veut s’amuser avec une figure connue et imposante comme Baba Yaga.

Parlons d’abord de la forme.

Une forme claire, concise et accessible, comme on les aime !

J’ai toujours une petite crainte, quand on parle de fantasy de réécriture, relative à l’accessibilité du texte. Beaucoup d’auteurices font l’impasse sur la maîtrise du niveau de vocabulaire et sur la facilité d’immersion dans l’univers proposé, en particulier lorsque l’on parle de format court.

Ici, Meryma Haelströme relève aisément le défi en allant à l’extrême essentiel. Il n’y a pas de fioritures, mais un excellent “show, don’t tell” (montrez, ne racontez pas) pourtant périlleux à conduire dans un tel format, les coupes de chapitre sont franches, sans nous perdre, même les ellipses temporelles sont gérées d’une main de maîtresse.

En fait, la forme vous emportera par sa légèreté de sorte que vous arriverez à la conclusion de l’histoire sans même réaliser que vous avez scrollé/tourné les pages.
À moins, bien sûr, que le fond ne vous retienne. Ce dont je doute.

Parler de sujets difficiles et douloureux avec une brutalité qui s’efface sous les évidences.

J’adore me faire du mal à travers mes lectures (hors contexte, cette phrase est très bizarre, je le concède), c’est ce qui m’avait fait endurer “Couleurs d’automne” de Priska Soba et aimer cette lecture malgré la dureté de l’histoire racontée, aussi, je n’avais pas peur d’entamer ce nouveau récit.
Et j’ai été extrêmement bluffé·e !

Parce que la forme va à l’essentiel, le fond est extrêmement brutal et pourtant, il n’est pas à proprement parler douloureux. Est-ce une forme de stupéfaction à la lecture ? Peut-être.

C’est un peu comme prendre une gifle par surprise. Vous êtes là, la vie continue et vous avancez avec en vous demandant pourquoi, mais comme vous ne pouvez pas éternellement vous questionner, vous faites un pas, puis un autre.
Ce livre peut, par son fond, vous coller des gifles, notamment par sa manière de décrire certains comportements, mais l’équilibre de la forme est comme une main posée dans votre dos qui vous aide à progresser quoi qu’il arrive et au sortir de cette histoire, vous retenez davantage la conclusion et le message de fond véhiculé que les épreuves.

Et soyons honnêtes, peu de livres peuvent se targuer d’offrir une telle expérience.

Par ailleurs, comme pour parachever ce récit, il répond à l’ensemble des critères de catégorisation en fantasy, pas de tromperie sur la marchandise 😀

J’aime… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie à tout prix, pas du tout ?

(oui, j’ai changé le titre de cette rubrique pour enlever le côté psychophobe, ça restera corrigé pour les fois à venir, ça m’apparaissait d’autant plus important pour cette chronique)

Au-delà de l’appréciation objective du livre qui répond à des critères d’accessibilité, des critères littéraires et des critères éthiques sans la moindre peine, d’un point de vue personnel totalement subjectif, c’est un must read.

Les gens qui me suivent depuis suffisamment longtemps pour avoir lu mes anciennes chroniques (elles reviennent ici très bientôt) le savent : je fais preuve d’une exigence incommensurable quand on parle de représentation et j’ai toujours une appréhension forte quand un livre cause d’un sujet qui me concerne.
Des livres qui traitent de violences domestiques, j’en ai lu des centaines, aimé quelques un et je n’ai pas peur d’écrire qu’aucun, AUCUN, n’a aussi bien abordé la question, tant dans le fond que dans la forme.
Il n’y a pas l’once d’un propos ouvrant la porte à un “oui, mais”, c’est une fantasy d’évidence et ça fait beaucoup de bien.

Et en plus, il peut être mis sous des yeux jeunes (bon, pas en premier livre non plus… quoi que ça dépend de votre rapport à vos enfants et de votre volume de temps libre), que faudrait-il demander de plus ?

Achetez-le ? Lisez-le ? Pensez-le ? Je vous y invite !

Remerciements et autres infos utiles.

Je remercie l’autrice, Meryma Haelströme, de sa confiance, me permettant ainsi de découvrir une œuvre des plus agréable à lire !

Vous pouvez retrouver La sorcière au fond des bois sur Amazon (avec une offre de lancement de l’ebook à 1.99 € au lieu de 2.99 €, si vous l’achetez avant le 31 octobre 2023 !).

Pensez aussi à découvrir l’illustratrice Pauline Gallois qui a réalisé la superbe couverture de ce livre !

On se retrouve bientôt pour une nouvelle chronique, d’ici là, prenez soin de vous !