Avoir un endroit spécial

Que l’on écrive ou que l’on entreprenne, il est important d’avoir un endroit spécial, comme une madeleine de Proust, qui nous transporte et nous inspire, qui nous apaise et nous permette de réfléchir sereinement.

Cet endroit spécial, ça peut être le café queer au coin de la rue où la diversité des profils et la variété des discussions nous font repenser un personnage, comme ça peut être un parc, où le quotidien des gens nous offre une vision différente de la vie et de nos besoins et envies.

Mon endroit spécial, c’est ma pièce à tout faire.

Les gens qui me connaissent un minimum le savent, je suis cette personne qui a tendance à réorganiser une pièce de A à Z dès que ça ne va pas et que je procrastine.
Je t’ai déjà parlé de mon anxiété et de mes rechutes, mais je ne t’ai pas spécialement parlé du lien à la procrastination ; je vais résumer en disant que c’est un peu une fuite en avant dans le début de l’anxiété.
Quelque chose nous picote et paf, on s’occupe, pour ne pas avoir à réellement y faire face.

Bref, du coup pour avancer, il me fallait un endroit spécial qui réponde à mes besoins et qui puisse limiter mes tendances au réaménagement chronique.
J’ai donc aménagé une pièce à tout faire.
J’y ai mon bureau, mon espace de craft, de nombreux rangements, mais aussi mon lit, avec un placement au millimètre près, ce qui exclut la possibilité de tout déménager sur un coup de tête.

Une pièce avant tout neuroA friendly.

Evidemment, tout le monde peut avoir une chambre avec un bureau comme décrit ci-dessus.
Ce qui rend cette pièce spéciale pour moi, c’est son aménagement en adéquation avec tout ce qui accompagne ma neuro-atypie.

Je n’ai littéralement rien laissé au hasard ; j’ai un volet et des rideaux qui me permettent d’avoir juste ce qu’il faut de luminosité sans entrer dans des migraines de l’enfer, du mobilier autour de mon bureau qui limite drastiquement les risques de diversions non productives de mon esprit, de quoi limiter les bruits environnants (même s’il faut que j’ajoute une petite cloison, un jour…), un environnement neutre en termes d’odeurs (j’ai un vrai problème avec les odeurs et un traitement compulsif de celles-ci, auquel s’ajoute une synesthésie qui peut autant être une force qu’un véritable handicap) et qui reste proche de tout ce dont je peux avoir besoin (boire de l’eau, utiliser les sanitaires, etc).

C’est une sorte de pièce magique slash salle créative, combo bulle sensorielle et je dois y passer très probablement 20h par jour.

L’endroit spécial qui boost mes activités.

Je vais être parfaitement transparente : je crois que cette pièce est la raison pour laquelle je n’ai pas laissé tomber mes activités après 4 années à me laisser submerger par mon anxiété face à la diffamation et aux attaques diverses que j’ai du encaisser.

Dans cette bulle, j’ai des rappels de tout ce qui compte pour moi et d’où je veux aller par la suite.
J’ai des éléments qui me racontent tout le chemin que j’ai déjà parcouru, d’autres qui m’intiment l’ordre d’avancer, encore et toujours, même d’un petit pas seulement, pourvu que je le fasse, même si demain je réaliserai peut être que ce n’était finalement qu’un pas de côté plutôt qu’un pas en avant.

En fait, plus le temps passe et plus je réalise que les jours où je laisse finalement mon anxiété me dévorer sont ceux où j’ai tendance à quitter cette pièce singulière plus longtemps qu’à l’accoutumée.
Peut-être que j’ai eu besoin de faire des courses et que j’ai du subir pendant plus d’une heure les lumières, le bruit et les autres humains et que ça me fait baisser ma garde jusqu’au meltdown (voire, plus récemment, jusqu’à shutdonw).
Peut-être que j’ai eu des rendez-vous impossible à repousser (notamment médicaux, avec des spécialistes qu’on met plusieurs mois, si pas plus, à pouvoir avoir et qu’on ne peut pas annuler sans de lourdes conséquences).

Dans tous les cas je réalise à quel point avoir cet endroit m’est précieux et me permet de créer un contenu par jour, qu’on parle de textes, de crafts au crochet, etc, et donc de vivre un peu mieux, malgré la précarité qu’on connaît en France, surtout quand on compte parmi des minorités malmenées par le système (la loi accessibiliquoi ?).

Et toi, à quoi ressemble ton endroit spécial ?

Peut-être que tu ne t’es jamais posé la question, peut-être que tu as déjà un endroit spécial choisi intuitivement, peut-être que tu te rends compte que tu en as besoin et que tu dois identifier à quoi ça ressemblerait.

Et si tu en discutais dans les commentaires ?
Qui sait, ça pourrait inspirer d’autres personnes ou créer des contacts inattendus…

Fais tourner !

3 réactions sur “ Avoir un endroit spécial ”

  1. Ping Comment faire des économies quand on veut vivre de ses écrits ?

  2. Ping Ecrire les histoires qu'on aurait voulu lire

  3. Ping Partage d'auteurices 1 avec Justine C.M. et Rose P. Katell

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